Samedi 16 juin 2018, 10h30
À LA LIBRAIRIE MOTS & Cie,
35 rue Armagnac, 11000 CARCASSONNE

RENCONTRE, LECTURE, CONVERSATION
avec EMMANUEL RUBEN
autour de ses romans, et notamment
Sous les serpents du ciel (Rivages, 2017)

Entrée libre et gratuite, apéritif offert

À propos de Sous les serpents du ciel, roman (Rivages, 2017) :
Un jour d’automne, au milieu du XXIe siècle, dans une vieille ville anonyme, quelque part entre la mer et le désert. Les premiers pans du grand barrage qui coupe en deux les Îles du Levant se fissurent. Le jour de la chute du mur, quatre hommes prennent la parole à tour de rôle et imaginent le futur. Mais leur passé les rattrape car tous se souviennent de la mort de Walid, un adolescent qui, vingt ans auparavant, faisait voler son cerf-volant au-dessus de la frontière lorsqu’il fut pulvérisé par un drone ou une roquette, dans des conditions mal élucidées. Qui était-il réellement ? Qui l’a tué ? Pourquoi est-il mort ? Chacun, selon son point de vue, raconte l’histoire de ce jeune révolté. Mais la voix de Walid ne reste pas passive et se mêle peu à peu à celle des quatre narrateurs, pour dire le vrai sens de sa révolte. Des voix de femmes l’accompagnent dans cette quête, chantant la tristesse et la beauté d’une terre écartelée, où les hommes n’ont jamais fait que promettre la guerre et profaner la paix. Dans ce roman d’anticipation aux accents d’épopée contemporaine, Emmanuel Ruben explore de nouveau la frontière de l’Occident, trois ans après La ligne des glaces (Rivages, 2014), et malmène la géographie réelle pour nous proposer une vision renouvelée d’une Histoire qui n’en finit pas de renaître.

La note de lecture d’Encres Vagabondes :
« Le lecteur d’Emmanuel Ruben retrouvera l’univers romanesque de l’auteur en lisant Sous les serpents du ciel ; le narrateur entraîne le lecteur vers des contrées arides, entre mer et désert, sur une frontière entre deux territoires. Nous sommes dans une ville orientale, d’un côté ou de l’autre de la frontière, avec en point de mire ces « serpents du ciel ». Les allusions des personnages nous entraînent volontiers vers un Moyen-Orient, où la terre est disputée et arrachée.
Walid est un jeune homme devenu expert dans l’art des cerfs-volants, héros, martyr et mythe, « terroriste, meurtrier et victime ». Vivant à la frontière entre deux terres, dans un orient déchiré, il a été assassiné, il y a près de vingt ans, dans des conditions qui n’ont toujours pas été élucidées et qui créent un mystère autour du jeune homme : Tu es né avec ce siècle, Walid, mais tu n’auras pas connu l’ère des serpents d’airain, des voûtes de verre et des vols de bourdons. Tu n’auras pas vu les murs tomber, s’ériger de nouveau, retomber; tu n’auras pas vu revenir dans nos chaumières la peur des barbares, à l’heure où les vieilles frontières se secouent telles les chaînes de volcans mal éteints, à l’heure où s’effrite la fragile tectonique de la paix, à l’heure où nous assiègent des armées de robots et d’illuminés.
Chacun lui rend hommage à sa façon, avec ses mots, son style, son âge, sa sensibilité. Les voix s’opposent, se répondent et donnent vie, tragique ou poétique, au gré des cerfs-volants, à un monde brutal et humain… Les femmes, s’exprimant dans un chœur qui n’est pas sans rappeler celui des tragédies antiques, élèvent leurs voix pacifistes avec passion et dignité. Ainsi au lecteur de construire l’histoire et de reconstituer une cartographie des lieux, au fil des voix et des témoignages.
La terre, la frontière, le déchirement entre deux pays et ce ballet de cerfs-volants dans le ciel confèrent à ce texte des accents épiques, lyriques et très poétiques : l’écriture nous entraîne dans un univers plus imaginaire que réel. Nous retrouvons avec plaisir les thèmes chers à Ruben : la géographie, la frontière, la construction du personnage, originale. Le récit, lui aussi, tel un cerf-volant, vogue aux frontières du roman par les calligraphies, les dessins, la polyphonie qui comme l’opéra joue avec les tons…
Dessiner des pays imaginaires et bricoler des cerfs-volants : Walid se reconnaît ce savoir-faire, mais ce pourrait être la devise d’Emmanuel Ruben : un romancier, un poète dont l’écriture est un fil qui serpente entre le réel et l’imaginaire, qui joue avec le langage, entre le roman et la poésie, entre la voix et le chœur. Une belle écriture pour un beau roman. »
Sylvie Legendre-Torcolacci (09/11/17)

Emmanuel Ruben est géographe, écrivain et dessinateur. Il est né en 1980 à Lyon. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, reçu major à l’agrégation de géographie (2004), il enseigne l’histoire et la géographie à l’étranger où il passe plusieurs années (Italie, États-Unis, Turquie, Lettonie, Ukraine), puis en banlieue parisienne. En disponibilité de l’Éducation Nationale, il est actuellement directeur de la Maison Julien Gracq à Saint-Florent-le-Viel.
Il publie son premier roman, Halte à Yalta, en août 2010.
Parallèlement à la publication de ses livres, il a signé depuis 2013 une chronique mensuelle sur le site Sens Public et collaboré à différentes revues littéraires : Ravages, Edwarda, Possession immédiate, Remue.net. Par ailleurs, il a exposé ses dessins et ses aquarelles dans des galeries et des lieux publics. Enfin, il tient à jour un site Internet personnel (L’araignée givrée, www.emmanuelruben.com) où il dévoile de nombreux dessins et des textes inédits. Ses thèmes de prédilection (la frontière, la mémoire, l’histoire, la géographie, l’utopie, le voyage impossible) se retrouvent notamment dans son troisième roman, La Ligne des glaces (Rivages, 2014). Le livre a été sélectionné pour de nombreux prix littéraires dont le Prix Goncourt 2014.

Publications :
Halte à Yalta, Jbz & Cie, 2010
Kaddish pour un orphelin célèbre et un matelot inconnu, Éditions du Sonneur, 2013
La Ligne des glaces, éditions Payot & Rivages, 2014
Icecolor, éditions Le Réalgar, 2014
Dans les ruines de la carte, éditions du Vampire actif, 2015
Jérusalem terrestre, éditions Inculte/Dernière marge, 2015
Sous les serpents du ciel, éditions Rivages, 2017