DIMANCHE 6 MAI 2018, 17 H
CHÂTEAU DE GAUJAC (LÉZIGNAN-CORBIÈRES) RENCONTRE, conversation, lecture, débat AVEC VALENTINE GOBY,
autour de son livre « JE ME PROMETS D’ÉCLATANTES REVANCHES », Une lecture intime de CHARLOTTE DELBO : AUSCHWITZ ET LA LITTÉRATURE.

Entrée libre et gratuite, apéritif offert

À PROPOS DE « Je me promets d’éclatantes revanches »Une lecture intime de CHARLOTTE DELBO (Éd. de L’Iconoclaste, 2017) :

Présentation du livre :
Un manifeste pour la littérature à la lumière de Charlotte Delbo.
« J’ai ouvert Aucun de nous ne reviendra, et cette voix m’a saisie comme nulle autre. Je suis entrée à Auschwitz par la langue. »
L’une, Valentine Goby, est romancière. L’autre, c’est Charlotte Delbo, amoureuse, déportée, résistante, poète ; elle a laissé une œuvre foudroyante. Voici deux femmes engagées, la littérature chevillée au corps.
Au sortir d’Auschwitz, Charlotte Delbo invente une écriture radicale, puissante, suggestive pour continuer de vivre, envers et contre tout.
Lorsqu’elle la découvre, Valentine Goby, éblouie, plonge dans son œuvre et déroule lentement le fil qui la relie à cette femme hors du commun. Pour que d’autres risquent l’aventure magnifique de sa lecture, mais aussi pour lancer un grand cri d’amour à la littérature. Celle qui change la vie, qui console, qui sauve.
Valentine Goby livre dans ce récit intime sa rencontre avec Charlotte Delbo. Résistante, amoureuse, déportée, poète, cette dernière a laissé une œuvre incandescente. C’est alors qu’elle écrit Kinderzimmer (Actes Sud, 2015) qu’elle la découvre. La puissance de cette langue l’éblouit, et l’accompagne désormais.
Valentine Goby plonge dans les textes, et plus tard dans les archives. Elle tente de saisir la singularité de cette écriture au sein du testament collectif des rescapés des camps de la mort, de comprendre son « geste d’écriture »
« Je me promets d’éclatantes revanches » est un texte intime, un manifeste vibrant qui rend hommage au pouvoir des mots et de la langue, plus que jamais nécessaire.
« Je me promets d’éclatantes revanches » est une immersion dans l’œuvre de Charlotte Delbo. Mais c’est surtout une traversée sur le mystérieux fil reliant les deux auteures. En partant sur ses traces, Valentine Goby évoque son propre rapport à la littérature. À sa puissance. La façon dont elle peut « forger une langue capable de nous ramener d’entre nos morts». Un lieu où la lumière prend d’« éclatantes revanches » sur les ténèbres les plus noires.

Extrait du livre (les premières pages) :
« J’ai cherché les livres de Charlotte Delbo, alors souvent absents des rayons de librairies, disponibles en rares exemplaires dans quelques bibliothèques. J’ai ouvert Aucun de nous ne reviendra, et cette voix m’a saisie comme nulle autre. Je suis entrée à Auschwitz par la langue. Auschwitz où, je l’ai tant entendu, il est exclu d’entrer autrement que par l’expérience : on reste toujours au seuil, même conduit par l’art, par l’histoire, un corps épargné ne peut se figurer Auschwitz. «Revenue d’entre les morts » de cet endroit où le langage commun s’épuise à saisir un réel qui l’excède sans cesse, puis cède au silence et au néant des chambres à gaz, Charlotte Delbo lutte contre l’impuissance de la langue : il n’y a pas d’« indicible », clame-t-elle, elle le répète de poème en poème, pliant la langue à son projet sans en nier la folie. À la lire, j’ai pensé qu’écrire, c’est peut-être exactement cela : forger une langue capable de nous ramener d’entre nos morts ; la langue de nos confins où nous nous croyons muets. (p. 10-11).

À propos de Charlotte Delbo: « Je me promets d’éclatantes revanches » p. 12-13 :
« Je ne savais pas qu’elle était née en1913 en région parisienne, dans une modeste famille d’immigrés italiens. Je ne savais pas qu’elle avait étudié la sténodactylo et l’anglais, s’était inscrite aux jeunesses communistes dans les années 1930, et à l’université ouvrière en philosophie. Je ne savais pas qu’elle avait épousé Georges Dudach, militant communiste. Je ne savais pas qu’elle avait écrit les pages théâtre et littérature de la Revue universelle des jeunesses communistes. Je ne savais pas qu’elle avait rencontré l’acteur et metteur en scène Louis Jouvet, qu’elle était devenue sa secrétaire. Je savais qu’elle avait été résistante. Je savais qu’elle avait été arrêtée, j’ignorais quand et comment. Je ne savais pas que son mari avait été fusillé au Mont-Valérien. Je savais par ses livres qu’en janvier1943 elle avait été déportée à Auschwitz, puis à Ravensbrück. Je ne savais pas qu’elle avait travaillé pour l’ONU après la guerre, et pour le philosophe Henri Lefebvre. Je ne savais pas qu’elle était morte en 1985 d’un cancer du poumon. Je n’avais aucune image, aucune photographie. Je partageais l’ignorance commune qui a longtemps tenu dans l’ombre la femme et l’œuvre, comme tant d’œuvres de femmes. »

Charlotte Delbo

La presse en parle :
Le Monde des livres : « Une force vive que l’écriture va soutenir, guider sans cesse. Valentine Goby a découvert Charlotte Delbo en préparant le roman Kinderzimmer (Actes Sud, 2015). « Je me promets d’éclatantes revanches » est le livre d’une rencontre littéraire. De cette proximité, de ce compagnonnage au-delà du temps. »

Journal La Croix : « Valentine Goby, née soixante et un ans après Charlotte Delbo, consacre à son aînée disparue un exercice d’admiration juste et sensible. Une lecture essentielle…
Bienveillance, délicatesse et perspicacité sur la corde raide : voilà l’impression que laisse l’essai aussi bref que marquant consacré à Charlotte Delbo (1913-1985) par Valentine Goby (née en 1974). Le titre du premier roman de celle-ci, publié en 2002 chez Gallimard, va comme un gant à la démarche du présent ouvrage : La Note sensible.
Ne manquez pas ce livre de Valentine Goby : c’est le plus court et le plus beau chemin qui mène à Charlotte Delbo. » (Antoine Perraud).