Samedi 19 mars à 16h, à la médiathèque de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse (11220) : Lecture de ses poèmes par MAUD THIRIA, avec une projection de ses dessins.

Maud THIRIA est née à Paris en 1973. Après des études en Droit, elle s’oriente vers les Lettres modernes et rédige un mémoire sur l’expérience de la mort en poésie sous la direction de Jean-Michel Maulpoix. Poète et artiste, elle publie dans une vingtaine de revues (Le Nouveau Recueil, Diérèse, Thauma, PLS, N47, Décharge, Contre-allées, Nunc, L’Etrangère, Triages), des livres d’artistes et des livres pauvres pour Daniel Leuwers. Elle travaille souvent avec l’artiste Jérôme Vinçon. Elle publie deux livres aux éditions Æncrages & Co, Mesure au vide en 2017 et Blockhaus (Prix Yvan Goll 2021) en 2020. Lauréate 2019 de la Bourse Gina Chenouard de la SGDL pour Falaise au ventre, elle poursuit son travail au cœur de paysages abruptes, urbains et naturels, autour de la mémoire et de l’empêchement, en résidence d’écrivain Île de France à l’hôpital en service gériatrique, à la Maison de poésie de Normandie et pour le projet « Mondes nouveaux » du Ministère de la Culture.

Elle fait régulièrement des lectures publiques de ses textes dans des expositions et des lieux culturels. Elle travaille notamment sur la langue auprès de publics en difficultés sociales et scolaires, de migrants et de réfugiés politiques, et anime des ateliers d’écriture ou des conférences, au lycée dans le cadre du dispositif « Poète dans la classe » mis au point par la Maison des écrivains et de la littérature, ou encore au sein d’écoles supérieures comme l’École d’Architecture de Paris La Villette. En 2021, elle obtient une résidence d’écrivain en Île de France pour travailler en poésie auprès des plus « empêchés », dans les services gériatriques de trois hôpitaux parisiens autour du toucher, de la mémoire et de l’identité.

Bibliographie

. Livres parus ou à paraître :
Mesure au vide, éditions Æncrages & Co, 2017
Blockhaus, éditions Æncrages & Co, 2020
Trouée, éditions Lanskine, 2021

. Collectifs :

Anthologie du Printemps des poètes, L’Éphémère 88 plaisirs fugaces, Bruno Doucey éditeur, 2022
Anthologie du Printemps des poètes, Là où dansent les éphémères, Le Castor astral, 2022
Résonances, Jacques Flament éditions, recueil collectif de photos et de textes, 2017
Pourquoi ?, anthologie poétique orchestrée par Florence Saint-Roch, Terre à ciel, 2019
Poésie et nature, anthologie de la Maison de la poésie Rhône-Alpes, Bacchanales no 63, 2020
Dire oui, anthologie poétique orchestrée par Florence Saint-Roch,Terre à ciel, janvier 2021
Avant midi, éditions Monologue, mars 2021

https://maudthiria.com/

Présentation de Trouée aux éditions LansKine (février 2022) – photographie de couverture de Véronique Lanycia
(Extrait)
« atterrée

tu atterris
au seuil d’un noir
outremesure
creusant ta croûte
grattant les planches
où retrouver
le bois de l’arbre
son souffle dans tes branches
pulmonaires
aux alvéoles flétries »

Texte intime relatant l’expérience vécue d’une forme de maltraitance du corps féminin, Trouée tente de dépasser dans le même temps, qui est un temps infini et indéfini, cette intimité pour en faire une expérience au visage de toutes. Trouée de son moi pour un « tu » d’une humanité sans limites faisant corps face à une violence sans limites. Trouée vers une image d’envol pour respirer dans une dernière vision quand le cou étranglé ne sent qu’un filet d’air. Trouée que seul rend possible le langage poétique, ses rythmes, ses traces et ses signes, pour formuler cet indicible, dans un chant coupé, sur le papier couché comme un corps sur le plancher.

Présentation de Blockhaus aux éditions Æncrages & Co (2020) – Encres de Jérôme Vinçon
Extrait
« enfant tu te demandes
si toutes les maisons ont
leur repli
leur terrain de jeu de guerre
et leur cachette ouverte
qui ne serait pas celle des greniers des dessous d’escalier obscurs
tu te demandes
si dans toutes les maisons
on se tient voûté
tapi
là par effraction »

« Maud Thiria évoque dans ce nouveau livre les bribes de souvenirs qui s’attachent à la présence toute proche d’un blockhaus au fond de son jardin d’enfance. Mieux, elle le constitue en lieu mental et en fait la table d’orientation de son écriture.
Quel est donc ce blockhaus, à demi enfoui dans son imaginaire ?
Une masse grise et sale de béton brut à l’odeur acide de terre et de peur. Une cachette paradoxale pour l’enfant : moins un abri qu’une cavité inquiétante où se blottir au plus près de son propre inconnu, lové dans la peur. Là réside le fantôme d’un danger imminent, l’ombre sourde d’une menace, comme si un ennemi se cachait, tout proche, non pas extérieur mais intérieur au blockhaus et à son odeur forte d’urine et de misère humaine. »
Extrait de la préface de Jean-Michel Maulpoix.

Présentation de Mesure au vide aux éditions Æncrages & Co (2017) – Encres de Jérôme Vinçon

Extrait :
« tu poursuis
ta marche en aveugle s’enracinant
tu écris en partance
quand les mots au poids d’encre
t’appellent
en murmures de lettres et de signes
tu traces
mesure au vide »

« Dans ce premier livre, Maud Thiria se tient face au paradoxe de l’écriture qui fait que les mots semblent se tendre comme des mains, en direction d’un corps, désireux de présence, mais qu’ils ne livrent jamais rien de réel, hormis leur propre tracé.
À travers des suites de vers brefs, l’écriture procède par tronçons qui tout à la fois scandent la pensée, la tendent et la propulsent. Cette parole poétique observe les mouvements de l’encre, fixe avec obstination son objet, sans s’écarter, sans se laisser détourner ou divertir : elle se mesure au vide qu’elle traverse. Elle dit le furtif, l’impondérable, ce qui d’un même mouvement se donne et se dérobe, puisque telle est la langue qui tout à la fois recouvre, fait paraître, et éloigne ce qu’elle désigne. Mais elle en vient surtout, à travers le jeu silencieux du langage, à voir le vide lui-même, tel qu’il se creuse en nous, tel que l’écriture le combat et tel que les mots ricochent en lui. »
Jean-Michel Maulpoix dans Le Nouveau Recueil