SAMEDI 22 JANVIER 2022 À 16 H, À LA MAISON DU CITOYEN À CAMPLONG D’AUDE (11200),
RENCONTRE CROISÉE AVEC LES ÉCRIVAINS MARIE COSNAY ET ARNO BERTINA

Conversation, lecture, débat, dédicace, apéritif de clôture (si les règles sanitaires le permettent)

Passe sanitaire nécessaire.

À partir d’une présentation de leurs derniers livres parus, les deux écrivains invités discuteront sur l’engagement solidaire de l’écrivain aujourd’hui auprès des exclus – les réfugiés sans papiers, exilés en France pour Marie COSNAY, les ouvriers en lutte contre la faillite abusive de leur entreprise, et par exemple les ouvriers de GM&S dans la Creuse, pour Arno BERTINA.

* LE LIEU D’ACCUEIL DE LA RENCONTRE : LA MAISON DU CITOYEN.

Elle est au centre du village Aller la place de Bemigière, passer par la porche sous la vielle tour, et c’est au fond en face.
Pour y accéder depuis la route Lagrasse-Lézignan, emprunter la D. 114 ; à l’entrée du village prendre la rue qui longe l’école primaire et la mairie. Chercher une place dans la rue du centre. Sinon, parking un peu plus loin dont l’accès se fait par la rue qui prend à droite dans le virage de la route D. 114 (avenue de la Promenade) qui contourne le vieux centre pour aller vers Montlaur, depuis Lagrasse ou Lézignan.

Depuis Montlaur, prendre la route des gorges du Congoust direction Camplong.

* L’AUTRICE ET L’AUTEUR INVITÉS :

* MARIE COSNAY est écrivain et traductrice. Elle a été professeur de lettres classiques, à Bayonne où elle vit. Désormais, elle se consacre uniquement à l’écriture. Elle a publié une trentaine de livres, depuis la parution en 2003 de Que s’est-il passé ? (Cheyne éditeur). Elle traduit des textes antiques ; ainsi les Métamorphoses d’Ovide (éd. de l’Ogre, 2017).
Le travail de Marie Cosnay est remarquable par sa manière très singulière d’articuler la
forme, d’une précision et d’une exigence rare, à la réflexion politique et sociale, toujours très engagée. Le langage est chez elle un outil, voire une arme, qu’elle déploie dans tous ses aspects, avec des projets littéraires toujours très ancrés dans les réalités de notre temps. Ses textes témoignent de ce qu’on voit à l’œuvre, de ce que fabrique la politique d’hier et
d’aujourd’hui.

Les publications récentes de Marie COSNAY :

Des îles. Lesbos 2020, Canarias 2021 (éditions de l’Ogre, 2021)
Voilà le récit des deux séjours d’enquête que Marie Cosnay a réalisé pour observer au plus près, sur le terrain ce qui se passe dans les deux principaux territoires européens d’arrivée des exilés qui ont franchi les mers pour solliciter l’hospitalité de l’Europe : l’île de Lesbos en Grèce et l’île des Canaries en Espagne.

Que fait la politique d’immigration européenne aux liens, aux familles et aux corps ? Comment en rendre compte ? Que faire de la question des disparus ? L’Europe est pleine de fantômes, et c’est à partir d’eux que Marie Cosnay mène, depuis des années, un travail de terrain, et collecte la parole et les histoires des exilés.

Avec Des îles, Marie Cosnay se saisit de ce matériau rare pour tisser une réflexion magistrale autour des acteurs de la migration, avec un infini respect pour leur parole, leur capacité d’agir et leur dignité.

C’est là le premier volume d’une série d’ouvrages consacrés à une histoire orale de l’exil vers l’Europe, entre enquête de terrain et récit documentaire. Des îles est une œuvre d’une force politique et littéraire saisissante.

« Marie Cosnay, ‘Mon livre est une observation géographique de ce qu’une politique absurde fait aux individus’ », dans l’émission Par les temps qui courent, par Mathilde Wagman, France Culture : « C’est une part importante de ma vie d’être sensible à ma frontière et aux frontières, tout comme je suis sensible à l’inégalité radicale à laquelle nous sommes confrontés, moi qui peut aller où je veux avec mon passeport, alors que d’autres ne le peuvent pas. L’écriture avait toujours été un endroit de traduction ou de fiction, mais jamais un endroit dans lequel je pouvais faire récit des histoires qui m’arrivaient. Je pense que si je fais récit aujourd’hui de mes enquêtes autour des paroles des migrants, et de ce qu’on fabrique aux frontières, c’est parce que ça nous dépasse et que c’est urgent. » 

Nos corps pirogues (édition L’Ire des marges, 2022)

Sur les bords de l’Adour, dans un jardin-refuge où se mêlent les langues et les récits d’exil, un enfant apparaît. Il vient de Guinée-Conakry. Il a traversé plusieurs frontières avant d’arriver en France, au Pays basque, où Marie Cosnay croise sa route en 2017.

Après l’épopée du voyage, c’est une nouvelle bataille qu’il doit livrer pour faire reconnaître sa minorité auprès de l’administration française : un parcours fait d’incohérences, d’injonctions folles – être clair avec son histoire -, et d’espoir déçus.

« Mais la route ne compte pas s’arrêter, elle ne se pense pas avec l’arrêt. La fuite et le passage comme création. C’est ce que sait et porte l’enfant depuis dix-sept ans qu’il est né. Je vais tout recommencer, je vais recommencer l’entretien social, je vais répondre aux questions, tu veux mon histoire, alors prends mon histoire, tu veux que je te dise ce que je sais alors je te le dis, (…), j’ai sans doute mal répondu aux interrogatoires mais je vais tout répondre et tu verras, je serai un enfant. »

– Marie Cosnay, Traverser les frontières / Accueillir les récits (ouvrage collectif, éditions L’Ire des marges, coll. Bruits de langues, 2022) :

Un ouvrage collectif de création/recherche sur et avec Marie Cosnay 

Invitée du festival Bruits de Langues en 2019, Marie Cosany rejoint ponctuellement les éditions L’Ire des marges pour la publication de Nos corps pirogues en janvier 2022.

Sa recherche tant documentaire que littéraire – ces deux aspects étant indissociables – en faisait l’autrice rêvée pour tenter cette expérience d’une nouvelle collection de critique littéraire.

Une petite équipe, Stéphane Bikialo, Warren Motte, et Pierre Vilar (universitaires, spécialistes de littérature contemporaine), Alain Nicolas (responsable des pages littérature de L’Humanité) et Jane Sautière (publiée aux éditions Verticales), s’est lancée de manière totalement libre dans les échanges avec Marie Cosnay : l’enjeu était de la faire réagir à des réflexions, des analyses sur son oeuvre et de dialoguer avec elle sur des questions que les chercheurs, le journaliste, l’autrice se posaient sur sa démarche d’écriture.

« La littérature est assaut contre la frontière » (Kafka) 

L’ensemble des contributions a été recomposé autour d’enjeux centraux de l’écriture de Marie Cosnay : les lieux, le rapport à l’histoire et au présent, le travail d’enquête et les commentaires sur le livre en train de se faire… avec en arrière-plan, toujours le récit et la frontière ou la nécessité de faire du récit sans ou contre les frontières.

Marie Cosnay a besoin du récit, du récit comme lieu d’accueil, d’hospitalité, du récit aussi comme lieu de recherche. Ces récits de ou sans frontières sont pour elle à la fois une nécessité et une responsabilité.

* ARNO BERTINA, né en 1975, est écrivain. Il est l’auteur de plusieurs romans, récits, essais, extrêmement inventifs par leur forme (de la phrase à la structure d’ensemble du livre), ou récits et personnages sont portés, levés, par un souci de vitesse et de libération – libération de la langue, des sens, du sens ; libération identitaire.
Dans plusieurs de ses romans, il interroge le rapport mobile aux identités (Le Dehors, Appoggio, Anima Motrix, Je suis une aventure..).
Ses récits composent une vaste suite des démunis, des exclus (ainsi, La Borne S.O.S. 77Numéro d’écrou 362576 ), les jeunes filles mères prostituées à Ponte-Noire au Congo (L’Âge de la première passe)…. et ce, en continuité avec son exigence d’une vie solidaire des ceux qui n’ont pas ou plus de place dans notre monde.

La dernière publication d’Arno Bertina :

Ceux qui trop supportent – Le combat des ex-GM&S (2017-2020) (éditions Verticales-Gallimard, 2021)

« Fraternité, expertise, pertinence politique… Voilà ce qui se dégage des combats sociaux lorsqu’ils sont vécus de l’intérieur, et non via ces caméras de télévision indifférentes à la joie des ouvriers se découvrant une voix qui porte. Peut-être ces salariés de La Souterraine m’ont-ils séduit, aussi, car je les ai vus lucides mais courageux, et plein d’allant malgré l’épée de Damoclès qu’ils savaient pendue au-dessus de leur tête. (…) Leur intelligence m’a aimanté. »
En 2017, Arno Bertina rencontre des salariés en lutte sur le site de l’usine GM&S (équipementier automobile). Au lieu d’y voir un pur écho à son roman Des châteaux qui brûlent, il va recueillir leurs témoignages quatre années durant, et ainsi rendre hommage à la fierté ouvrière, à leur résistance inventive et obstinée. Ceux qui trop supportent est un récit documentaire nerveux, haletant et d’une humanité poignante.